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L'Autorité des marchés financiers publie sa cartographie 2015 des risques et tendances sur les marchés financiers et pour l'épargne
Financement de l'économie, organisation des marchés et intermédiation, épargne des ménages et gestion collective : l'AMF dresse à mi 2015 un tableau des principaux risques parmi lesquels ceux liés à la faiblesse des taux d'intérêt et au calendrier de normalisation de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, ainsi que la possibilité de variations brutales des conditions de liquidité sur les marchés.
Dans un environnement économique en amélioration dans les pays développés sous l'influence notamment de politiques monétaires très accommodantes, l'AMF fait le constat, dans sa cartographie des risques et tendances 2015, que le faible niveau des taux d'intérêt a contribué à relâcher la pression sur la solvabilité des entreprises et des Etats. La bonne orientation des marchés boursiers, sur fond de fusions acquisitions à leur plus haut niveau depuis 2007, a constitué un facteur de soutien aux émissions d'actions. Cependant, la période actuelle, exceptionnelle en raison du niveau des taux, présente des risques pour la stabilité financière. S'il devait perdurer, cet environnement pourrait éroder le modèle économique des banques et des assureurs. Les gestionnaires de fonds et plus généralement les investisseurs, à la recherche de rendements, pourraient être tentés de procéder à des réallocations de portefeuille ou à des prises de risque excessives. A l'inverse, une normalisation trop rapide ou non anticipée de cet environnement de taux en zone euro pourrait entraîner une re-tarification brutale des actifs. La volatilité, quant à elle, pourrait s'amplifier si la liquidité sur les marchés était insuffisante, en particulier sur le marché obligataire. Enfin, la situation grecque présente des risques directs dont les effets sur les marchés semblent limités pour le moment, notamment grâce aux dispositifs de confinement mis en place au niveau européen (dette publique grecque portée par des institutions publiques, en particulier). Ce sont plutôt les effets indirects sur les autres pays fragiles de la zone euro qui appellent à la vigilance, si jamais les marchés y tarifaient un risque de sortie de la zone euro accompagnée de dévaluation, d'où des hausses de taux d'intérêt.
Même dans l'hypothèse favorable d'un scénario de normalisation monétaire progressive en zone euro, évitant les écueils précédents, des risques pourraient peser sur le financement de la croissance à long terme en France dans un contexte d'exigences prudentielles plus strictes pour les banques. Des offres de financement alternatives devront être privilégiées, notamment dans le cadre de l'initiative européenne d'une Union des marchés de capitaux. Le mouvement de désintermédiation fait également peser le danger d'un transfert du risque vers les secteurs peu ou moins régulés de la finance parallèle. Celle-ci fait actuellement l'objet de travaux internationaux pour appréhender sa contribution au risque systémique et adapter si nécessaire le cadre réglementaire. Enfin, l'épargne des ménages français reste peu orientée vers les actions, ce qui freine les investissements plus risqués et plus utiles à long terme pour la croissance de l'économie.
S'agissant de l'organisation des marchés, l'AMF relève une stabilisation de la fragmentation des marchés d'actions entre les différentes plateformes. Mais la hausse des volumes échangés en dérogation à la transparence pré-négociation prévue par la directive Marchés d'instruments financiers (MIF) s'est poursuivie, quoiqu'à un rythme moindre. Par ailleurs, la part du trading haute fréquence (THF) dans les échanges des grandes valeurs françaises a légèrement augmenté en 2014. La refonte de la directive MIF devrait permettre de mieux encadrer le THF et de limiter le développement des dark pools, dont l'essor pourrait conduire à une détérioration du processus de formation des prix. Concernant les produits dérivés négociés de gré à gré, la mise en œuvre progressive des réformes comme le règlement EMIR en Europe contribue par ailleurs à réduire le risque systémique et à augmenter la transparence sur ce segment, tout en appelant à la vigilance des régulateurs vis-à-vis des chambres de compensation qui concentrent de facto le risque de contrepartie.
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